Dragi Webdo n°460 : Otite moyenne aigue, crise d'asthme, rosuvastatine, rétrécissement aortique, crampes, CCR, Alzheimer, cible HbA1C, isglt2/lithiases, cartes à collectionner (JCC)

Rédigé le 07/11/2024
Dr Agibus

 Bonjour ! Voici les actualités de la semaine, bonne lecture !

1/ Cardiovasculaire

La rosuvastatine est de plus en plus comparée l'atorvastatine (souvent c'est pas en sa faveur). Cette étude de cohorte a inclus des patients de données chinoises (60% de patients en prévention secondaire) et britanniques (70% de patients en prévention primaire) et comparé le risque de mortalité globale et d'évènements cardiovasculaires chez les patients sous rosuvastatine vs atorvastatine. A 6 ans, les patients sous rosuvastatine avaient un risque de mortalité moindre que ceux sous atorvastatine (NNT= 385/an en Chine et 420/an au R-U). Il y avait également une réduction des évènements cardiovasculaires sous rosuvastatine (NNT environ  400/an), mais davantage de diabètes (NNH = 67 à 6 ans. Encore une fois, il est compliqué de conclure sur des études de cohortes alors que des essais randomisés sont possibles. Hope-3 et Jupiter ne montraient pas de réduction de mortalité en prévention primaire avec rosuvastatine et en prévention secondaire, seuls la simvastatine et la pravastatine réduisaient la mortalité, et l'atorvastatine la morbidité (cf ici).

Faut il pousser les patients avec un RAC serré asymptomatique à avoir un remplacement valvulaire par TAVI ? Des patients d'environ 75 ans avec RAC serré et FEVG >50% ont été randomisé entre TAVI versus surveillance. Le critère principal (composite: décès, AVC, hospitalisation cardiologique) était réduit significativement avec un NNT de 6 (porté essentiellement par les hospitalisations, étant donné l'absence de diminution significative des AVC et de la mortalité). Bon, ça semble donc efficace, mais le critère de jugement au final n'est probablement pas idéalement explicité, dans cette étude financée par un laboratoire vendant des valves : un score de symptômes ou la survenue de malaises aurait peut être été plus pertinent pour expliquer ce qu'étaient les "hospitalisations cardiologiques" et montrer l'intérêt clinique (vu l'absence de bénéfice sur la mortalité ou les AVC).


2/ Rhumatologie

Dans les crampes, on est souvent démuni. Mais voici un essai randomisé du Jama Internal Medicine incluant 300 patients chinois de plus de 65 ans ayant au moins 2 épisodes de crampes nocturnes au cours des 2 dernières semaines (2.6 crampes par semaine en moyenne). Ils ont été traités par vitamine K2 (=menaquinone, c'est pas la vitamine K habituelle qui est de la K1), versus placebo. Après  8 semaines, le groupe traitement avait une diminution significative de 1,2 crampes par semaines par rapport au placebo et elles duraient 35secondes de moins! Il n'y a pas eu d'effets indésirables sous traitement. A méditer, pour passer de 3 crampes par semaines à 2.


3/ Infectiologie

Voici un débat du NEJM sur l'otite moyenne aiguë: traitement immédiat ou traitement différé. Les critères britanniques pour une antibiothérapie sont: après 6 mois des symptômes sévères (T > 39°C, otalgie modérée à sévère ou persistant plus de 48h) ou otite bilatérale ou otorrhée sans otite externe. Faisons un point sur l'otite-conjonctivite qui est décrite ici comme fréquemment associée à H.Influenzae souvent producteur de bêtalactamases, mais la guérison survient à 50% sans antibiotiques. Les recommandations américaines de 2013 proposent cependant l'amox+ac.clavu. avec un grade C en cas de conjonctivite purulente à cause des H.influenzae avec beta-lactamases retrouvé dans une étude de 1989 tout en disant que les études plus récentes montrent une réduction des H.influenzae producteur de beta-lactamase. C'est probablement ce qui justifie l'amoxicilline seule dans les recos britanniques entre autres.

4/ Pneumologie

Une revue systématique du JAMA compare les SABA (salbutamol), versus l'association SABA+CSI et versus formoterol + CSI dans les crises d'asthme. Cette revue systématique montre globalement, une réduction du risque d'exacerbations sévères, avec les 2 associations versus SABA seul, et un risque moindre avec formoterol+ CSI versus SABA+ CSI (OR=0.78). En analyses en sous groupes, les résultats étaient identiques quel que soit le pallier de traitement des patients, donc même en pallier 1 (asthme intermittent). Les associations amélioraient également le contrôle de l'asthme sur l'ACQ-5 sans différence entre les 2 associations. Enfin, il ne semblait pas y avoir plus d'effets indésirables graves. Il est juste dommage qu'on n'ait pas le nombre de bouffées moyennes données en cas de crise selon les études.


5/ Oncologie

Annals of internal medicine aborde l'efficacité de nouveaux tests moléculaires dans le dépistage du CCR. On retiendra surtout la figure 1 qui montre la réduction du risque de mortalité selon les tests (avec les tests bDNA (blood-DNA) : tests sanguins  ; sDNA (stool-DNA) : tests au niveau des selles ; FIT: test immunologique fécal). Dans l'analyse de coût-efficacité, le FIT reste ce qui est le plus coût efficace avec la coloscopie, suivis par les nouveaux tests recherchant l’ADN dans les selles. Ainsi leur seul bénéfice semble d'être réalisable tous les 3 ans et non annuellement (oui, en France, c'est tous le 2 ans donc on ne rentre pas dans les cases américaines).

6/ Neurologie

On parlait il y a peu du dépistage de la maladie d'Alzheimer, dans un contexte dans lequel le diagnostic a tendance à se résumer à la présence d'un biomarqueur selon l'Alzheimer Association. Cet article publié par un groupe de travail international revient sur les critères diagnostics. En effet, les auteurs disent que le diagnostic doit reposer sur l'association de critère cliniques et de biomarqueurs, la présence de biomarqueurs seuls correspondant à un "pré-Alzheimer". Les critères cliniques sont des troubles mnésiques hyppocampiques, une aphasie logopénique, une atrophie corticale postérieure, des troubles comportementaux ou dysexécutifs, un syndrome cortico-basal) et les biomarqueurs sont des signes dans le LCR ou au PET scan, ou des signes biologiques comme le dosage de protéine Tau.

7/ Diabétologie

On va forcément la voir passer, cette étude de cohorte trouvant que des patients avec un contrôle intensif dès le diagnostic réduit les évènements cardiovasculaire, notamment quand l'HbA1C est <  5.7% ! C'est donc une étude de cohorte avec des patients diabétiques suivi pendant 4.5 ans environ. Globalement, les patients n'étaient pas comparables initialement (plus jeunes, moins de tabac, moins d'HbA1c) donc il n'est pas improbable que les auteurs comparent des groupes pour lesquelles des différences de caractéristiques cardiovasculaires n'ont pas été prises en compte dans les ajustements. On a déjà vu que les patients pré-diabétiques avaient un risque évènements cardiovasculaires supérieur aux patients non diabétiques: les patients ayant moins de 5.7% d'HbA1C après plusieurs années sont ils toujours diabétiques?

Dans une nouvelle étude du BMJ incluant des patients de base de données canadienne a comparé dans un essai simulé l'efficacité des iSGLT2 sur le risque de lithiase rénale. Chez des patients diabétiques avec antécédent de colique néphrétique, les auteurs retrouvent un risque réduit de récidive   avec un NNT de 20 patients par an, et de 5 chez ceux avec une lithiase active récente. Les patients avaient également un moindre risque de crise de goutte (NNT= 60 patients par an) mais davantage d'infections urinaires (NNH= 75). C'est concordant avec ce qu'on avait vu .


8/ Le jeu du mois : les jeux de cartes à collectionner!

Parlons ce mois ci des "trading card games", les cartes à collectionner mais qui servent surtout ensuite à construire un deck pour s’affronter entre joueurs! Il y en a plein, avec des niveaux de complexité différents. Parmi les plus célèbres, on retrouve Magic L'Assemblée (le plus célèbre et le plus varié, dans lequel on pose des terrains pour pouvoir ensuite récolter leur mana, invoquer créatures, enchantements, rituels... et réaliser de nombreux combos pour gagner), Pokémon TCG (dans lequel on peut facilement poser et faire évoluer ses adorables créatures, mais il faut leur donner des énergies pour qu'elles puissent attaquer), Yu-Gi-Oh (pas d'énergie ni de mana, mais il faut sacrifier ses propres monstres pour pouvoir en invoquer de plus puissant, tout en s'appuyant sur des cartes magie et des cartes pièges), le récent Lorcana (TCG de Disney dans lequel les cartes de personnages servent aussi de réserve d'encre nécessaire pour invoquer les cartes et l'objectif n'est pas de réduire des points de vie adverses à 0 mais de gagner 20 points de victoire), ou encore Vampire The eternal struggle (plus complexe, dans lequel il faut utiliser ses propres points de vie pour invoquer ses vampires aux pouvoirs redoutables). Bref, ce sont des jeux stratégiques, immersifs, extrêmement variés, mais qui peuvent coûter cher pour se construire des decks très performants ou par le côté addictif de la collection. Cependant, l'utilisation de deck pré-construits agrémentés de l'achat de quelques boosters pour personnaliser son deck et glaner quelques nouvelles capacités peut suffire à bien profiter ! (A noter que beaucoup existent en jeu en ligne aussi!)



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@Dr_Agibus et @DrePétronille