Dragi Webdo n°472 : Sujet âgé avec FDRCV (Académie), HAS (TAAN/GEA, mesure de protection), contraception/risque vasculaire, antidépresseurs/poids, rougeole, IA/littératie

Rédigé le 21/02/2025
Dr Agibus

Bonjour,  c'est les 11 ans du blog, déjà !! Aller, pour commencer parlons de cette étude évaluant une formation aux MG sur les prescriptions de PSA, le sur-traitement du diabète et les ECBU inutiles n'a montré qu'une amélioration des pratiques sur les prescriptions de PSA pendant la période d'intervention. Après l'intervention, les MG reprenaient leurs pratiques antérieures... Bonne lecture !


1/ Pharmacovigilance

Le BMJ étudie le risque d'AVC et d'infarctus chez les femmes sous contraception hormonale. Les risques d'AVC et d'IDM sont respectivement de 1,8/10 000 par an et 0,8/10 000 sans contraception, 3,9/10 000 et 1,8/10 000 sous COP, 3,3/10 000 et 1,3/10 000 sous progestatifs oraux et 2,3/10 000 et 1,1/10 000 pour un DIU. Les DIU hormonaux n'augmentaient pas significativement le risque d'AVC ou d'IDM.

Le JAMA revient sur le risque thrombo-embolique veineux des contraceptions hormonales. L'incidence des MTEV était de  2/10 000 par an en l'absence de contraception, 12/10 000 pour les injections de progestatifs, 10/10 000 sous COP, 8/10 000 sous anneaux et patchs OP, 3,5/10 000 pour les pilules et DIU aux progestatifs seuls, 2,1/10 000 pour les DIU. Enfin, si on entre dans les détails des COP, le sur-risque par rapport aux non utilisatrices variait entre 3/10 000 sous 2è génération à 14/10 000 pour les 3ème génération !

Un article d'Annals of internal medicine comparait les variations de poids sous divers antidépresseurs par rapport à la sertraline. La fluoxétine et le bupropion ont tendance à faire perdre du poids  alors que l'escitalopram et la paroxétine sont ceux en faisant prendre le plus.

2/ Cardiovasculaire

Le Lancet revient sur les arrêts cardiaques chez les sportifs. En prévention, l'interrogatoire centré sur les symptômes et les antécédents familiaux, et l'examen clinique ont une faible sensibilité. L'ajout de l'ECG améliorer la sensibilité du dépistage des troubles pouvant conduire à un arrêt cardiaque. Cependant, il ne permet pas de détecter un certain nombre de pathologie et augmente les faux positifs conduisant à des explorations inutiles et restrictions inappropriées. Ainsi, les scientifiques ne sont pas unanimes sur la conduite à tenir et il n'y a pas d'indication à d'autres explorations systématiques autres que l'ECG si effectué. Après 35 ans, il n'y a pas non plus de bénéfice démontré à dépister une coronaropathie avant l'activité physique. Cependant, un dépistage est recommandé si facteurs de risque cardiovasculaires.

L'académie de médecine a publié un avis sur la prise en charge des facteurs de risques cardiovasculaires des patients de plus de 75 ans. Techniquement, il aurait été plus adapté de parler de prise en charge de patients avec facteurs de risque cardiovasculaire que de la prise en charge de facteurs. 

Concernant l'HTA, l'académie propose la cible "ESC" de 140mmHg de PAS, assouplie chez les patients fragiles autonomes avec une cible  < 150mmHg en commençant à traiter si PAS > 160mmHg. En cas de patient fragiles dépendant, une cible < 160mmHg peut être suffisante.

Concernant le diabète, l'académie suit les recos HAS de 2014, avec 7% pour les patients non fragiles, entre 7% et 8% pour les patients fragiles et entre 7,5% et 9% pour les patients très fragiles dépendants.

Concernant les dyslipidémies, l'académie reprend les cibles de l'ESC. Cependant, elle note qu'il n'y a pas de preuve de bénéfice des statines en prévention primaire après 70 ans (mais une étude observationnelle trouvait un sur-risque d'AVC si arrêt). En prévention secondaire, il faut continuer (études prosper et  improve-it mais peu de patients > 80 ans).

Enfin, un paragraphe est dédié à la décroissance thérapeutique en l'absence d'effets indésirables, en mettant en avant la non re-prescription systématique et la place du médecin traitant comme pivot dans la gestion des médicaments en coordination avec les autres spécialistes.

3/ Infectiologie

Le BMJ aborde la prise en charge de la rougeole. Pour commencer, il est estimé que la vaccination a éviter plus de 50 millions de décès dans le monde entre 2000 et 2020. Elle n'évite cependant pas la rougeole à 100% (efficacité 97-99%). Son incubation varie entre 7 et 21 jours, et les premiers symptômes initiaux sont toux, rhinite, conjonctivite. Le signe de Koplick (spots blanc-gris sur muqueuse jugale érythémateuse) apparait et l'éruption typique de rougeole fait suite 3-4 jours après. Les complications sont les otites (7-9%), les pneumonies (1-6%), diarrhées (8%), convulsions ( 0,5%), encéphalite ( 0,5 à 1 pour 1000), pan-encéphalite sub-aigue sclérosante ( 1 pour 25000, mais 16 fois plus si infection avant 3 mois). On est contagieux pendant 4 jours après l'apparition du rash, et les contacts non vaccinés dans la maison doivent être isolés 21 jours, car le R0 de la rougeole est de 12-18 (chaque personne contaminée contamine 12 à 18 personnes, soit 10 fois plus que le Covid ou la grippe). Il n'y a pas de traitement spécifique et la supplémentation en vitamine A n'a pas de bénéfice démontré (car la rougeole entraine une carence en vitamine A responsable de xérophtalmie).

La HAS a publié une recommandation concernant l'utilisation des tests d'amplification des acides nucléiques (TAAN) multiplex dans les gastro-entérites :

4/ Exercice médical

 La HAS a publié une recommandation concernant l'accompagnement des personnes ayant une mesure de protection. Concernant le médecin généraliste, il est cité au moment du certificat où la formulation "médecin traitant" veut en fait dire "tout médecin ayant vu le patient. Un médecin inscrit sur la liste du procureur peut solliciter l'avis du médecin traitant, qui n'a alors pas le droit de refuser de répondre aux questions du médecin inscrit, mais n'a pas à donner accès au dossier médical: il faut juste répondre aux question du certificat.

Des chercheurs ont fait lire 4 comptes rendus d'hospitalisation à des patients, en remplaçant aléatoirement 2 des 4 (pas toujours les mêmes donc) par des CR retravaillés par chat-GPT. La compréhension était améliorée avec les CR issus de chat-GPT avec une efficacité plus importante dans les populations ayant historiquement une plus faible littératie (sujets noirs, hispaniques, patients âgés et hommes). C'est un exemple de sujet de thèse qu'il serait facile de refaire en France...

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A la semaine prochaine !

@Dr_Agibus et @DrePétronille