Dragi Webdo n°447 : Vaccin VRS (HAS), diabète (CNGE), allo-immunisation (CNGOF), risque CV/PREVENT, lésions cutanées, dépression, infections urinaires

Rédigé le 26/06/2024
Dr Agibus

 Bonjour, voici les actualités de la semaine. Bonne lecture !


1/ Cardiovasculaire

Le calculateur de risque PREVENT est validé dans une population américaine de 30 à 79 ans pour évaluer à 10 ans le risque d'évènements cardiovasculaires (CVD), composé du risque d'évènements athéromateux (ASCVD) et du risque d'insuffisance cardiaque (HF). Les grades de risques sont faible avec risque de CVD  < 5%, borderline 5-7,5%, intermédiaire (7,5-19,9%) et élevé (>20%). Dans le Jama internal medicine, ce score (intégrant, age, sexe, tabagisme, TA, cholestérol mais aussi HbA1C, DFG, RAC, IMC et quelques traitements en cours) a été comparé au score américain classique "PCE", et montre qu'il permet de réduire le nombre de patients éligibles à un traitement par statine en prévention primaire selon les recos US (indication si risque >7,5%). Il faudrait voir l'applicabilité en population européenne.

Le NEJM publie un article sur les différents types de régimes. Voici le tableau comparatif:


Depuis plusieurs mois, on voit que la monothérapie par ticagrelor a une balance bénéfice risque meilleure que la bithérapie après une angioplastie. Cependant, après un pontage coronaire, cet essai randomisé du BMJ montre que la bithérapie ticagrelor+aspirine pendant 1 an est supérieure à une monothérapie par ticagrelor ou aspirine seuls (NNT= 14 à 5 ans) pour réduire le risque d'évènements cardiovasculaires majeurs.

On avait parlé de la colchicine qui était efficace pour réduire les évènements cardiovasculaires en prévention cardiovasculaire secondaire post infarctus. L'essai CONVINCE a randomisé les patients avec AVC ischémique non cardio-emboliques, en colchicine ou placebo. Cette fois ci, il n'y avait pas de différence significative de survenue d'évènements cardiovasculaires majeurs entre les 2 groupes.


2/ Psychiatrie

Le JAMA propose une revue sur la prise en charge de la dépression de l'adulte. Il n'y a rien de très neuf, mais soulignons que les psychothérapies sont les traitements le plus efficaces en 1er intention avec des efficacité modérées à élevées (notamment TCC, mindfulness et thérapies par résolution de problèmes), les traitements pharmacologiques ayant une efficacité faible à modérée. La combinaison psychothérapie et antidépresseurs apporte un bénéfice supplémentaire. Les traitements antidépresseurs recommandés par les auteurs sont plutôt la sertraline et le citalopram (malgré le surrisque signalé de QT long) mais la fluoxetine et la vortioxetine sont aussi parmi les mieux tolérés. Les antidépresseurs s'introduisent à demi-dose pendant 2 semaines avant de passer à la pleine dose. Concernant le risque suicidaire, une revue systématique (372 ECR, 100 000 patients) a montré un sur-risque de 5% de nouvelles idées suicidaires chez les 25-65 ans sous antidépresseur, mais ce n'était pas significatif. Chez les plus de 65 ans, il y avait 6% de moins d'idées suicidaires sous antidépresseur. L'activité physique, le millepertuis, l'acuponcture, les oméga-3 et les probiotiques pourraient avoir une efficacité modérée également. La psilocybine n'est pas assez de preuves actuellement selon les auteurs. Enfin, une prise en charge multidisciplinaire améliore les symptômes.


3/ Infectiologie

Comme attendu, la HAS publie ses recommandations sur la vaccination anti-VRS chez la femme enceinte dans un but de prévention des bronchiolites chez les nourrissons. Le vaccin Abrysvo est donc recommandé entre 32 et 36 SA (pas avant 32 à cause d'un possible risque d'accouchement prématuré) entre septembre et janvier, dans une stratégie concomitante avec le Beyfortus (nirsevimab), au choix des parents. Mais si l'Abrysvo n'a pu être effectué, le nirsevimab est recommandé en rattrapage. Ce vaccin peut être co-administré avec ceux de la grippe ou le covid, mais 2 semaines d'écart sont recommandées avec les vaccins DTPCa

Le JAMA aborde les infections urinaires récurrentes de la femme âgée. Sur le plan diagnostic, la fréquence des bactériurie asymptomatiques +/- avec leucocyturie font que la spécificité de la BU est faible. Les auteurs suggèrent donc de limiter les explorations aux patientes symptomatiques et de confirmer l'infection et la sensibilité par un ECBU avant traitement, le traitement probabiliste étant associé à un sur-risque de résistance, de bactériémie et de décès. Cependant, un traitement de 3-6 jours semble équivalent à un traitement plus long de 7-14 jours. Les antibioprophylaxies sont efficaces mais augmentent fortement le risque d'infection résistantes. Les oestrogènes vaginaux réduisent les infections mais sont moins efficaces que les antibioprophylaxies. Les cranberries peuvent réduire le risque d'infection urinaire de 26%. Le D-mannose et les probiotiques n'ont pas démontré d'efficacité claire. Enfin, les mesures comportementales peuvent être utiles bien que le bénéfice ne soit pas clairement établi (boire abondamment, mictions post-coïtales etc...).


4/ Dermatologie

Cet article du BMJ parle des lésions pigmentées vues en consultation. Riches en image, il est difficilement résumable. Mais en gros, en cas de suspicion de lésions, utiliser la règle ABCDE ou la checklist d'examen visuel en  7 points (ou en 3 points si dermatoscopie) pour décider de l'adressage au dermatologue. Enfin, en termes de prévention, rappeler les conseils aux patients: crèmes solaire toutes les 2h + vêtements couvrant, éviter l'exposition intense entre 11h et 16h, et dépister régulier en cas de facteurs de risques de mélanome.



5/ Gynécologie

Des recommandations du CNGOF reviennent sur la prévention de l'allo-immunisation materno-foetale au 1er trimestre de grossesse chez les mères Rh- quand le géniteur est Rh+ ou inconnu. Avec un faible niveau de preuve, il est recommandé de ne pas administrer d'Ig anti D avant 12 SA en cas de fausse couche, de grossesse arrêtée ou d'IVG, ni en cas de métrorragie sur grossesse intra-utérine évolutive. Enfin, il n'y a pas de données pour formuler des recommandations sur l'intérêt des Ig en cas de GEU.


6/ Diabétologie

En réaction aux recos HAS, le conseil scientifique du CNGE a publié un communiqué, appelant au remboursement des aglp1 et isglt2 en monothérapie et à la réévaluation d'une part de la metformine en 1ère intention et d'autre part des cibles glycémiques. Enfin, il rappelle l'importance des statines et des IEC en prévention cardiovasculaire chez les patients diabétiques, point qui n'est pas abordé dans la recommandation.


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@Dr_Agibus et @DrePétronille