Date de publication: 10 septembre 2020 Groupe de Revue Principal: |
Quelle est la problématique ?
Chez certains enfants atteints d'une infection des voies urinaires (IVU), l'infection est localisée dans la vessie (bas appareil urinaire). Dans d'autres, les bactéries montent de la vessie vers le rein (haut appareil urinaire). Seuls les enfants présentant une atteinte du haut appareil urinaire sont susceptibles de développer des lésions rénales permanentes. Si des biomarqueurs non invasifs pouvaient différencier avec précision les enfants atteints de maladies du haut appareil des enfants atteints de maladies du bas appareil urinaire, le traitement et le suivi pourraient être potentiellement individualisés.
Comment avons-nous procédé ?
Nous avons examiné l'utilité de trois tests sanguins largement disponibles (procalcitonine, protéine C-réactive, vitesse de sédimentation des érythrocytes) pour différencier les maladies du haut et du bas appareil urinaire. Nous avons trouvé 34 études pertinentes, dont 24 ont fourni des données pour notre critère de jugement principal. Douze études (1000 enfants) ont fourni des données pour le dosage de la procalcitonine ; 16 études (1895 enfants) ont fourni des données pour le dosage de la protéine C-réactive, et 8 études (1910 enfants) ont fourni des données pour la mesure de la vitesse de sédimentation.
Qu’avons-nous trouvé ?
Nous avons constaté que les trois tests étaient sensibles (les estimations de la sensibilité globale étaient comprises entre 81 % et 93 %), mais pas très spécifiques (les estimations de la spécificité globale étaient comprises entre 37 % et 76 %).
Conclusions
Aucun des tests n'était suffisamment précis pour permettre aux cliniciens de différencier avec certitude les maladies du haut ou du bas appareil urinaire.
La VS ne semble pas être suffisamment précise pour permettre de différencier les enfants atteints de cystite des enfants atteints de pyélonéphrite. Une faible valeur de CRP (< 20 mg/L) semble être utile pour exclure la pyélonéphrite (en réduisant la probabilité de pyélonéphrite à moins de 20 %), mais l'hétérogénéité inexpliquée des données nous empêche de faire des recommandations pour le moment. La procalcitonine semble mieux adapté pour statuer sur la pyélonéphrite, mais le nombre limité d'études et la forte hétérogénéité entre les études nous empêchent de parvenir à des conclusions définitives. Ainsi, à l'heure actuelle, nous ne trouvons pas de données probantes convaincantes permettant de recommander l'utilisation systématique de l'un de ces tests dans la pratique clinique.
Chez les enfants atteints d'une infection urinaire (IU), seuls ceux qui souffrent de pyélonéphrite (et non de cystite) risquent de développer des séquelles rénales à long terme. Si des biomarqueurs non invasifs pouvaient différencier avec précision les enfants atteints de cystite des enfants atteints de pyélonéphrite, le traitement et le suivi pourraient être potentiellement individualisés. Il s'agit d’une mise à jour d'une revue publiée pour la première fois en 2015.
Les objectifs de cette revue étaient de 1) déterminer si la procalcitonine (PCT), la protéine C-réactive (CRP), la vitesse de sédimentation des érythrocytes (VS) peuvent remplacer la scintigraphie au DMSA en phase aiguë dans l'évaluation diagnostique des enfants atteints d'IVU ; 2) évaluer l'influence des caractéristiques des patients et des études, sur la précision diagnostique de ces tests, et 3) comparer les performances des trois tests entre eux.
Nous avons effectué des recherches dans MEDLINE, EMBASE, DARE, Web of Science et BIOSIS Previews jusqu'au 17 décembre 2019 pour cette revue. Les listes de référence de tous les articles inclus et les revues systématiques pertinentes ont été recherchées pour identifier les études supplémentaires non trouvées par la recherche électronique.
Nous n'avons pris en considération que les études publiées qui évaluaient les résultats d'un test d'index (PCT, CRP, VS) par rapport aux résultats d'une scintigraphie à l'acide 99mTc-acide dimercaptosuccinique (DMSA) en phase aiguë (réalisée dans les 30 jours suivant l'infection urinaire) chez des enfants âgés de 0 à 18 ans présentant un épisode d’IVU confirmé par culture. Les valeurs seuils suivantes ont été utilisées pour l'analyse primaire : 0,5 ng/mL pour la procalcitonine, 20 mg/L pour la CRP et 30 mm/heure pour la VS.
Deux auteurs ont appliqué indépendamment les critères de sélection à toutes les citations et aux données extraites de manière indépendante. Nous avons utilisé le modèle bivarié pour estimer les effets aléatoires globaux, la sensibilité globale et la spécificité globale.
Au total, 36 études ont répondu à nos critères d'inclusion. Vingt-cinq études ont fourni des données pour l'analyse primaire : 12 études (1000 enfants) comportaient des données sur la PCT, 16 études (1895 enfants) comportaient des données sur la CRP, et huit études (1910 enfants) comportaient des données sur la VS (certaines études comportaient des données sur plus d'un test). Les estimations récapitulatives de la sensibilité (IC à 95%) pour les tests PCT, CRP et VS aux seuils susmentionnés étaient respectivement de 0,81 (0,67 à 0,90), 0,93 (0,86 à 0,96) et 0,83 (0,71 à 0,91). Les valeurs récapitulative de spécificité pour les tests PCT, CRP et VS à ces seuils étaient respectivement de 0,76 (0,66 à 0,84), 0,37 (0,24 à 0,53) et 0,57 (0,41 à 0,72).
Source https://www.cochrane.org/fr/CD009185/RENAL_procalcitonine-proteine-c-reactive-et-vitesse-de-sedimentation-pour-le-diagnostic-de-la