Issu du Protocole National de Diagnostic et de Soins de la Haute Autorité de Santé: Actualisation Avril 2016 (2008)
Définition syndrome néphrotique
Le SN est caractérisé par
- protéinurie abondante
- rapport protéinurie sur créatininurie > à 0,2 g/mmol ou > à 2g/g sur un échantillon d’urine
- ou par un débit protidique > à 50 mg/kg/j sur un recueil
- associé à une hypoalbuminémie inférieure à 30g/l
Les signes cliniques
- œdèmes blancs mous indolores et déclives
- protéinurie à la bandelette urinaire
Si signes en faveur d’une cause secondaire
doit conduire à un avis spécialisé auprès d’un pédiatre néphrologue
- signes extrarénaux,
- insuffisance rénale,
- hématurie macroscopique,
- HTA sévère
- et/ou d’une complication
Etiologie
- 90% --> syndrome néphrotique idiopathique (=néphrose=syndrome néphrotique pur de l’enfant)
- pas de signes extrarénaux (éruption, arthralgie...)
- dit pur (pas d'HTA sévère, ni insuffisance rénale organique ni hématurie macroscopique) mais parfois retrouvé à la phase initiale
- entre les âges 2 à 10 ans
But du suivi
- contrôle du syndrome néphrotique: BU 2 ou 3 / semaine au début puis au moins 1 fois par semaine puis en s’espaçant progressivement les mois suivant la négativation de la protéinurie
- surveillance clinique pédiatrique: poids, taille, PA, vaccinations
- suivi du traitement
Bilan initial
- Eliminer syndrome néphrotique secondaire
- Recherche de complications du SN idiopathique
- thrombose vasculaire
- EP
- Insuffisance rénale
- PEC thérapeutique
- Stratégie de suivi
Anamnèse
- Antécédents personnels et familiaux augmentant le risque de syndrome néphrotique secondaire, infantile ou génétique
- Notion de consanguinité, antécédents familiaux de syndrome néphrotique
- Antécédents d’autres néphropathies, de terrain dysimmunitaire
- Antécédents personnels ou familiaux devant être pris en compte dans la prise en charge
- Terrain atopique
- Infection : virale, bactérienne et parasitaire
- séjour en pays d’endémie d’anguillulose
- Calendrier vaccinal et en particulier antipneumococcique, antécédents de varicelle maladie ou vaccination,
- Antécédents thromboemboliques
Examen clinique
- L’évaluation de l’inflation hydrosodée et de la volémie : poids, mesure de la pression artérielle, recherche d’une tachycardie et d’une hypovolémie (soif, asthénie, douleurs abdominales, évaluation des œdèmes et des épanchements séreux (plèvre, péritoine, péricarde)
- La recherche de foyers infectieux (ORL, dentaire, broncho pulmonaire, digestif, urinaire)
- La recherche de complications :
- Infectieuses : température, sepsis sévère, péritonite...
- Thrombo emboliques : dyspnée, douleur thoracique ou abdominale, signes évocateurs d’une thrombophlébite cérébrale (céphalées, vomissements ou troubles de la conscience)
- La recherche de formes secondaires :
- La recherche de signes cliniques extra rénaux tels une éruption cutanée, un purpura ou des signes articulaires
- La recherche de signes d’hémopathie dans le cadre d’une atteinte paranéoplasique (exceptionnelle)
Examens complémentaires
Lors de la découverte d'un syndrome néphrotique
A visée diagnostique :
- Urinaire :
- Bandelettes urinaires (recherche de protéinurie et d’hématurie) ;
- rapport protéinurie/créatininurie sur échantillon d’urines
- ou protéinurie des 24 h,
- compte d’hématies par ml en cas d’hématurie sur la bandelette urinaire.
- Sanguin :
- Protidémie et albuminémie
- (l’électrophorèse des protides étant de moins en en moins prescrite dans cette indication).
A visée de dépistage des complications :
- Ionogramme sanguin, créatininémie, urée sanguine.
- En cas de difficulté à évaluer cliniquement la volémie, une radio de thorax peut parfois être utile.
A visée étiologique
- Le dosage du complément (C3, C4, CH50 dont la normalité permet d’éliminer d’autres syndromes néphrotiques présentant un tableau initial voisin)
Si syndrome néphrotique prolongé: exploration lipidiques et hypothyroidie
Selon contexte
Risque infectieux
- Syndrome inflammatoire : NFS, CRP ou PCT ECBU en cas de positivité pour les leucocytes et /ou les nitrites à la bandelette
- Examens à adapter en fonction de la clinique
Complément du bilan de coagulation
- TCA, TQ, antithrombine III, fibrinogène et D-dimères. Ils sont à discuter en cas de syndrome œdémateux important ou de situations augmentant le risque de thrombose (hypovolémie, complication infectieuse).
Complément du bilan étiologique
- Si signes extra-rénaux ou dans le cas de situation atypique:
- anticorps antinucléaires et antiDNA ;
- sérologies hépatite B et C);
- Radiographie de thorax et échographie abdominale en cas de doute sur un lymphome (rares cas de syndromes paranéoplasiques avec syndrome néphrotique)
- Échographie rénale : en cas de ponction biopsie rénale.
Place de la ponction biopsie rénale
- Non justifié si syndrome néphrotique idiopathique corticosensible
- Discutée dans les cas suivants
- Absence de réponse à la corticothérapie (à l’issue du premier mois de corticothérapie et la réalisation de 3 bolus de Solumédrol)
- Situation atypique d’emblée
- âge < à 2 ans ou > à 10 ans,
- hématurie macroscopique,
- insuffisance rénale d’allure organique,
- suspicion de maladie dysimmunitaire avec signes extrarénaux
Thérapeutiques
- Objectif de prévenir et traiter les complications.
- Obtenir la rémission complète
- Association de malade: amsn.ambitionrecherche.fr
Education thérapeutique
- contre-indication aux vaccins vivants atténués sous corticothérapie à forte dose ou autres immunosuppresseurs, les vaccinations spécifiques (notamment pneumocoque, grippe)
- protéinurie bandelette urinaire: cahier de surveillance
- les risques de complications
- supplémentation vitaminique sous corticothérapie
Diététique
- Régime restreint en sel à la phase aigüe et si corticothérapie/immunosuppresseur jusqu’à obtention de la rémission
- repris lors des poussées avec hypoalbuminémie < 30g/l.
- apport protidique entre 1 à 2g/kg/j
- Sous corticothérapie fortes dosesapports sodés restreints et contrôle calorique
- Par contre, le régime peut être abandonné lorsque la dose de corticoïdes diminue et sera à adapter en fonction de la tolérance et des habitudes de l’enfant.
- Apport suffisant en calcium et vitamine D
Corticothérapie
- Régime pauvre en sel et sucre
- ↓ sucres : suppression des sucres d’absorption rapide (sucreries, gâteaux, chocolat, confitures et boissons sucrées).
- Eviter les aliments riches en graisses (beurre, fromage, huiles de friture, ….)
Apports sodés
quand hypoalbuminémie < à 30 g/l ou lors du traitement par corticothérapie à forte dose
apport en sel (NaCl) < à 35 mg/kg/j soit 1 mmol/kg/j de sodium sans dépasser 30 à 40 mmol/j